Ces discussions n'amènent pas grand chose à l'évolution des marchés, je ferais quand même quelques commentaires, non pas pour rentrer dans la polémique "Argentique \ Numérique" qui n'aura de fin qu'avec la mort programmée et oubliée à plus ou moins long terme des premiers. Bien sur ceci n'engage que moi.
J'ai horreur d'émettre des critiques sur les images des autres, car on peut toujours trouver à redire si on reste dans une vision sans générosité et si on refuse d'accepter en silence certaines petites imperfections qui ne nuisent en rien à l'ensemble et dont la mise en avant est quelque peu assommante pour celui qui a passé quelques heures à peaufiner une image d'expo.
Les critiques d'art n'ont sauf exception jamais eu de prédictions très heureuses et si l'histoire les avait suivis, bien de très grands compositeurs, peintres ou artistes divers seraient restés dans l'ombre, dont Beethoven plus haut cité.
Aussi, aujourd'hui, de peur de reproduire ces erreurs, bien des critiques se contentent de suivre la mode "Parisienne" et acceptent un peu n'importe quoi à n'importe quel prix !
Difficile de comparer les CD aux rouleaux gravés, en dehors de tout autre facteur que celui de l'évolution des moyens techniques de reproduction de haute fidélité, rendus possibles par d'autres découvertes évoluant en parallèle (on pourrait dire "y a pas photo").
Au delà de tous ces moyens techniques de gravure qu'il ne connaissait pas, Beethoven reste Beethoven. Un homme particulier. Il y a reconnaissance de l'œuvre de l'artiste à travers sa personnalité et de sa part de création dans la longue histoire de la chaîne musicale à travers les siècles. N'en doutons pas, Beethoven ne s'est pas fait tout seul mais est l'héritier de ses prédécesseurs avec un petit plus par rapport à ses contemporains qui l'a élevé au rang de génie. D'autres ont suivi et continué cette chaîne, chacun avec sa vision, son petit plus et dans une direction qui parait maintenant évidente mais pas forcément exclusive.
Ces moyens de reproductions n'ont pas encore remplacé le direct ni les concerts classiques qui font une grande part à l'expression humaine. Il ne s'agit ici que de l'évolution pas à pas d'une invention technique de base qui pourra être jugée parfaite quant l'écoute ne laissera plus apparaître de différence avec le réel. Il reste donc encore de la marge pour avoir chez soi la projection en 3D d'une salle de concert ou de spectacle dont nous serions le spectateur passif, au milieu de spectateurs quasiment réels, placé au meilleur rang. L'imagerie virtuelle en est un peu la caricature naissante, une espèce de dessin animé interactif faute de puissance numérique et de moyens techniques, mais cela se fera avec les progrès constants de la maîtrise de l'énergie et des nanos circuits et plus ensuite. Un petit auditorium personnel en projection tridimensionnelle et haute fidélité, en vraie grandeur ou l'image et le son retouchés en studio seront presque parfaits, mais jouant une interprétation éternellement définie d'une œuvre. Peut on se contenter d'une seule photo de Notre dame de Paris ? De la technique mais encore du pain sur la planche…..
Pour en revenir uniquement à la technique des appareils numériques et non pas à l'avenir créatif de la photo numérique, je voudrais dire que je ne suis en rien un nostalgique de l'argentique à tout prix. Si les images numériques m'avaient convaincu, je n'aurais pas hésité à changer mon matériel ou plutôt à prendre en plus un numérique comme le D200 car j'en vois très bien les avantages les plus évidents. Mais en tant qu'amateur je ne suis convaincu ni par la qualité et la finesse des images que je vois de ci delà, ni par l'inutile complexité des programmes d'exploitation de ces appareils dont certains pensent qu'ils apportent un plus à leur créativité mais qui sont plutôt l'expression directe de l'imperfection du couple capteur + logiciel. En fait un mode d'emploi un peu plus complexe mais qu'il est nécessaire de bien connaître pour arriver aux meilleurs résultats possibles pour l'appareil concerné. Pour ceux qui travaillent dans l'action, cette complexité n'est pas forcément conviviale.
En fait je suis assez étonné du manque d'objectivité et de la bienveillance des utilisateurs de ces appareils, envers leurs propres images. Je ne pense pas qu'il s'agit là d'une autre façon de percevoir les images ni que mon œil s'est habitué à une certaine idée de ce que doit être ou ne pas être une image si de tels critères peuvent être définis.
Dire que le cerveau restitue les détails manquants d'une image n'est vrai que pour celui qui l'a photographiée et non pas pour le visiteur d'une exposition, d'un site ou le lecteur d'une revue totalement étranger aux conditions de la prise de vue.
L'enregistrement de ce que voit l'œil du photographe, ce qu'il a choisi de nous montrer, doit être aussi fidèle que possible pour ne subir qu'un traitement minimum d'ajustement. Ce qui n'est pas pris en compte ne pourra pas être recréé par la suite.
La haute fidélité doit aussi exister en photographie. C'est un facteur de réussite difficilement contournable.
La créativité sous ses diverses formes est plus à même de s'exprimer facilement à travers un bon logiciel de traitement d'image qu'à travers les réglages ou l'écran d'un appareil souvent jugé comme passable. Dans ce domaine, beaucoup de progrès par rapport à la lourde gestion de nos agrandisseurs, produits de traitements et pièce plus ou moins réservée pour éviter le stress d'une porte qui s'ouvre en pleine exposition sous un masque patiemment découpé.
Je dirai que l'argentique disparaîtra totalement quand le numérique l'aura vraiment égalé et ceci de façon relativement abordable (allez : 1500 € ?).
Certains ont parlé des chiffres de vente. Dans ces chiffres, ce qui m'inquiète c'est plutôt la proportion des appareils bas de gamme numériques vendus par rapport aux modèles semi pros et pros. Sensiblement 75% du chiffre en bas de gamme si je me souviens bien, avec les résultats photographiques qui en découlent mais un prix d'achat pas forcément si bas que cela. Le marché n'est donc pas dirigé par la photo créative, artistique et professionnelle. Mais pour vendre il doit garder son image de marque.
En conclusion et pour montrer que mon propos n'est pas défaitiste, le D3 (pas le D300) me semble donner à première vue des résultats qui "secouent le cocotier" de l'image traditionnelle numérique dite de qualité dans le cas des photos difficiles a forte plage d'exposition et particulièrement dans les ombres. Mais à quel prix!
Compte tenu de mon age et de mes moyens, je ne sais vraiment pas si je pourrais un jour en avoir un équivalent et si je serais encore en état de m'en servir (vive les jeunes).
J'attends donc avec impatience que leurs heureux possesseurs nous fassent partager leurs sensations et leurs images non publicitaires sur le site de Nikon passion.