@CharlesG :
J'ai activé tes liens ci-dessus : postés sans commentaires, ils passent pour du cynisme pur et dur !
Je partage l'avis de Marcc : j'ai bazardé la télé et les horreurs qui intoxiquaient ma vie.
Casimir, l'île aux enfants, les bisounours et compagnie, ce n'était pas ma tasse de thé non plus, loin de là. Je suis branchée littérature et arts depuis mon plus jeune âge avec des goûts éclectiques n'incluant ni la niaiserie, le gnangnan ou la facilité. Côté musique, très hard rock, ce qui est loin du club Dorothée.
J'ai mal au coeur quand un papillon s'écrase en été sur mon pare-brise....et je suis pourtant tout l'inverse de quelqu'un qu'on définirait comme "fleur bleue".
Le sensationnel, le trash, font recette, ça a toujours été. Ensuite on peut ou non supporter tout ça : moi je ne peux plus.
Après une adolescence normale durant laquelle j'ai appris des tas de choses sur le monde et surtout des choses négatives (je me souviens que Bruno Masure, présentateur du JT, avait quitté l'émission pour créer un journal orienté sur des nouvelles positives, c'est dire dans quelle tendance étaient et sont les média....), j'ai eu un déclic lors d'une n-ième visite à la citadelle de Besançon, dans les salles réservées aux photos des camps de concentration. Ce jour-là, j'ai craqué.
Et pourtant ce n'était pas nouveau pour moi, mais c'était l'overdose et le rejet.
L'horreur et la connerie, j'en peux plus en fait.
Question de sensibilité sans doute.
Je trouve dommage que ta réaction soit celle-ci, avec ces liens qui sous-entendent qu'on est forcément "cul-cul" quand on ne supporte pas -ou plus- le côté atroce, déprimant, de l'humanité.
J'en conviens, les liens que j'ai postés sans commentaire peuvent passer pour du cynisme pur et dur.
Je comprends les choix de chacun et je comprends que pour de multiples et diverses raisons personnelles l'on puisse décider de ne pas s'exposer à des images ou des sujets qui nous choquent.
Il ne s'en trouve pas moins qu'il s'agit d'un choix radical. Aussi radical que les sujets et images qui choquent ou dérangent.
Le beau, le doux, la création qui porte au rêve, à la contemplation et au plaisir, au calme et à la quiétude sont une part conséquente de l'art, et tout cela a sa place, montrer que le beau existe et nous entoure est très important, participe à donner un élan positif.
Je suis bien d'accord et conscient de la tendance généralisée à diffuser des informations traitant de sujets durs, choquants, violents, et que l'abondance de ces messages entraine une surexposition. C'est le tribut de notre évolution technologique dans la communication, et de l'hyper médiatisation.
Néanmoins (et je cite les termes de Marcc), l'horreur, le sordide, les guerres, la misère, le sexe torturé, la violence existent bel et bien. Ils sont une composante de notre réalité, à mon sens le rejet, bien qu'encore une fois je le comprenne à titre individuel, est à mon sens une forme de déni, violent et dangereux lui aussi, je le sais parce que cela m'arrive aussi de ne pas vouloir voir, et quand j'y repense je me fais honte. Dangereux parce que c'est grâce à l'art et aux médias que l'on prend conscience de ce que subissent les victimes de ces horreurs, que des actions s'engagent pour tenter d'améliorer les choses, de nombreux journalistes risquent et perdent leur vie pour collaborer à ces entreprises, de nombreuses personnes partout dans le monde se confrontent à l'horreur sous toutes ses formes pour tenter de faire évoluer positivement les choses, que saurions-nous et qu'adviendrait-il du sort des victimes si tout le monde décidait de "ne pas vouloir voir ça"? Pour moi ne pas vouloir voir est une forme de violence, d'où ma réaction abrupte d'une bien relative violence et un peu cynique je l'avoue avec mes liens postés sans commentaire.
Je comprends bien ce que tu as pu ressentir en visitant les salles du musée de la résistance et de la déportation de la citadelle de Besançon que je connais, je veux juste mettre en face une réalité: mon épouse m'a raconté que certains de ses élèves, en lycée, et il ne s'agit pas d'un lycée en zone défavorisée bien au contraire, certains élèves donc n'étaient même pas au courant que la France avait été en guerre avec l'Allemagne, ils n'en avaient jamais entendu parler. Il s'agit certes là d'un exemple isolé qui ne traduit pas une méconnaissance générale, mais c'est un signe qui je crois ne doit pas être pris à la légère.
Je ne vais pas m'étendre, je voulais juste dire que montrer les horreurs a une finalité positive, que c'est là ce qui importe à mon sens, le catastrophisme à sensation est un travers et une dérive certes malsaine de notre monde surmédiatisé d'aujourd'hui mais il ne faut pas laisser ce travers étouffer la réalité de ce que beaucoup veulent dénoncer, montrer, combattre. Et c'est aussi entre-autres le rôle des arts. Parce que la principale arme contre les totalitarismes, les tortionnaires, les barbares de tous ordres, c'est de les mettre sous le feu des projecteurs pour ne pas les laisser agir commodément à leurs funestes desseins et torturer dans l'ombre.
PS: A chacun ses goûts et ses dégoûts, à chacun ses contradictions, ses paradoxes, et ses priorités. Par exemple je comprends que tu puisses avoir mal au cœur quand un papillon s'écrase sur ton pare-brise, toujours est-il que sachant qu'inévitablement cela va se produire tu choisis ta priorité et utilises ta voiture. Si l'on considère ton acte de près certains pourront dire que c'est illogique et parfaitement horrible car tu pouvais éviter ce carnage et qu'en pleine connaissance de cause et par pur égoïsme tu t'en es rendue responsable, d'autres ne s'y attarderont pas considérant l'évènement d'une banalité totalement insignifiante, d'autres choisiront de ne pas regarder cet horrible spectacle et d'éviter le sujet. Du point de vue d'un papillon c'est révoltant et déprimant. Mais comme à notre connaissance les papillons n'ont pas de conscience, et que quand bien même ils en auraient une il leur serait bien difficile de se faire entendre de nous, et que d'autre part bien que l'on puisse trouver cela écœurant l'on n'en cesse pas pour autant d'utiliser nos voitures, ils continueront à s'écraser par millions sur nos pare-brises. Pour ma part je trouve normal de ne pas considérer le malheur des papillons qui s'écrasent sur les pare-brises sur la même échelle que celle des horreurs que certains humains infligent à d'autres, alors je trouve acceptable de ne pas s'étendre sur l'hécatombe des insectes écrasés sur les automobiles.