A NAN3200:
- Le fait que les optiques bas de gamme existent ne me dérange pas outre mesure même si ce n'est pas ma tasse de thé...
- Par contre je m'insurge contre certaines affirmations un peu légères prétendant que la différence des performances n'est pas flagrante entre le bas de gamme et la gamme luxe, pro ou prestige d'un fabricant. Et je sais de quoi je parle car j'ai travaillé dans ce domaine avec les opticiens des plus prestigieux comme Angénieux, Leitz et Carl Zeiss (pour des applications disons un peu spécifiques). Et je peux vous assurer que les marges bénéficiaires de ces prestigieuses maisons n'ont rien à voir avec celles des compagnies pétrolières... Loin s'en faut. Par contre les investissements en frais de recherche sont énormes et la matière grise est réellement présente!
- Un non-expert ne s'imagine pas quelles difficultés les opticiens doivent vaincre ne serait-ce que pour augmenter l'ouverture d'une seule valeur. Un exemple très basique, tout le monde connaît la formule très simple dite"Tessar" à 4 lentilles mise au point par Carl Zeiss au début du siècle dernier. Eh bien pour passer de l'ouverture F/3,5 à F/2,8 (moins d'une valeur de diaphragme) il a fallu recourir à l'usage de verre spéciaux à base de lanthane (un élément de terre rare).
- Un autre exemple, pour un 35 mm F/1,4, afin de parvenir à une courbure de champ acceptable, l'on doit recourir soit à l'usage de lentilles asphériques soit à multiplier le nombre d'éléments (de 9 à 11 par exemple au lieu de 6 pour un 35mm ouvert à F/2,8).
- Il est de même pour un télé ou un zoom ouverts à F/2 ou F/2,8 sans recourir à l'usage de verres apochromatiques très coûteux,
il serait illusoire de vouloir éliminer les aberrations chromatiques, l'astigmatisme et le coma, rendre les aberrations sphériques acceptables. En plus du coût élevé de ces verres la taille et le polissage des lentilles de ces dimensions sont particulièrement délicats. Par exemple, chez Zeiss la recuisson des flans servant à l'élaboration des lentilles se faisait à l'air libre pendant 4 ans afin d'éliminer les tensions internes dans le verre et ce avec un pourcentage de rebus élevé. Il en est de même en ce qui concerne la fabrication de lentilles asphériques: polissage ou contre moulage très délicats avec un pourcentage de rebuts très important pour le haut de gamme (pro). Collage d'une pastille en acrylate sur un élément sphérique pour une optique bas de gamme. Et puis, pour conclure, il est certain que la plupart des aberrations optiques disparaissent à F/8: le vignettage est résorbé, la courbure de champ est compensée par la PDC, etc...
- Le problème c'est qu'à une optique pro, l'on demande d'être correcte et exploitable dès sa pleine ouverture et c'est ça qui fait toute la différence entre une optique pro et un "cul de bouteille", pas seulement sa qualité de fabrication!!!
Cordialement,
Photokor.