je tente de "renverser la vapeur" par ce post là parce que je pense que ça bascule un peu trop sur le plan technique et que les bases "foutent le camp"
Partiellement d'accord seulement pour le retour aux fondamentaux. On ne devrait pas avoir besoin d'y retourner, on devrait en passer par eux.

Reste à voir ce que sont les fondamentaux. Pour moi, ça ne s'oppose pas aux connaissances techniques, c'est plutôt une approche par couches successives. Comme pour une maison, ce sont les fondation les plus importantes, mais ce n'est pas pour ça que le toit est inutile :
1 - la vision.
C'est d'une part l'appréciation de la lumière (Cela vaut-il la peine de prendre la photo ? ) et d'autre part le cadrage. Là, il n'y a pas de cours, mais l'expérience et l'inspiration. L'expérience, c'est ce qui va permettre de comprendre l'influence de la lumière et sa perception. L'inspiration, ce n'est pas lire des cours de composition (beurk), mais voir ce qui se fait ailleurs, se poser des questions sur pourquoi ça nous plait, et développer son propre style en fonction de ça.
Beaucoup en restent à ce niveau et sortent de très bonnes photos. Autrefois avec un argentique compact réglé sur 1/125 et l'hyperfocale, aujourd'hui avec un numérique compact en automatique, voire un téléphone portable.
2 - Sans vision, pas de bonnes photos. Mais ensuite, il faut ensuite comprendre les paramètres techniques de la photo. Ouverture/sensibilité/vitesse/focale/MAP et leur influence sur la photo : flou, pdc, bruit ou grain, etc.
J'ai expliqué il y a quelques mois à un copain qui en était à la phase 1 et qui avait juste un compact numérique ces quelques bases. Il se demandait comment faire des portraits avec arrière-plan flou comme je les faisais. Son appareil permettant le mode priorité ouverture, il a gagné en créativité car il peut maintenant jouer sur la pdc.
Signalons que de nombreux photographes de talent en reste là. Doisneau n'était pas fan du labo. D'ailleurs, beaucoup de grands photographes préféraient laisser le labo à des grands développeurs et tireurs.
2 et 1/2 : le choix du film selon le résultat cherché.

Le pendant en numérique est le chargement d'une courbe qui permet de limiter ou éviter la phase 3.
3 - le post-traitement.
On peut vouloir contrôler toute la chaîne. Dans ce cas, c'est en argentique le choix du processus de révélation, des types de papier, du temps de pose sous l'agrandisseur, les différents masquages, etc...
On peut aussi parler du zone system : contrôler toutes les étapes de la chaîne en fonction de ce qu'on veut obtenir au final, et comprendre tous les aspects techniques depuis les conditions lumineuses à la prise de vue au tirage final, en passant par le développement.
En numérique, photoshop et consorts permettent tout ce travail argentique avec les courbes, luminosité, contraste, netteté (obligatoire du fait de la structure même des capteurs), masques de fusion, ne boudons pas notre plaisir.

A mon avis, l'impression de trop grande technicité vient surtout du fait que beaucoup veulent passer directement en phase 3, alors qu'avant il faut passer par la phase 1, puis la phase 2. On ne construit pas une maison en commençant par le toit. Ensuite, libre à chacun de s'arrêter où il veut, le nombre d'étages dépend du bon vouloir de chacun.
4 - la retouche
La frontière entre les phases 3 et 4 est toujours sujette à discussion, essayons de ne pas repartir dans des discussions de clochers sur cette frontière (je mets par exemple le recadrage en 3, mais je sais que certains le mettent en 4

).
Pour moi, c'est ici qu'on sort du domaine de la photo pour partir plus largement dans l'image. Pas de jugement de valeur, ce n'est pas mieux ou moins bien, c'est juste différent.
Par exemple, je ne coupe jamais un fil électrique, parce qu'il était là, et donc il faisait partie de la scène.
L'avantage du numérique là-dedans ?
On peut prendre un reflex numérique et le laisser en automatique (mode P iso auto par exemple) pour se concentrer sur la phase 1. Ensuite, on comprend les différents paramètres et on passe en phase 2 ou 2 et 1/2.
En argentique, même s'il y a des modèles auto, on est quand même déjà limité par la quantité de photos et le choix du support.
Merci de votre attention.
