La réponse à ta question est multiple :
- le posemètre pour régler la lumière : oui, c'est utile mais sans plus… sachant que le posemètre ne sert pas :
- à étalonner colorimétriquement les sources lumineuses (c'est le rôle du thermocolorimètre qui peut parfois faire aussi posemètre ou luxmètre)
- à mesurer l'exposition (les boitiers actuels ont des systèmes de mesure plus efficace qu'un opérateur entrainé et surtout bien plus rapide)
- à déterminer s'il y aura des zones cramées ou bouchées dans l'image (ça dépend directement du sujet photographié)
- à mesurer la puissance d'un flash (c'est le rôle du flashmètre qui fait, pour les modèles actuels, également toujours posemètre)
- le thermocolorimètre sert depuis longtemps en photo (autant qu'en cinéma) mais
- les modèles de "base" ne servent à rien (un "thermo" doit avoir au moins 3 cellules et le calage couleur des cellules est différent en numérique et en argentique et, aujourd'hui, en photo, doit pouvoir mesurer aussi bien la lumière ambiante que les éclairs de flash)
- son coût fait que l'on fait tout pour pouvoir s'en passer… et comme le posemètre, la mesure doit être interprétée (mais c'est plus simple que la mesure du posemètre/flashmètre) (par contre, quand on en a un, on s'en sert bien plus que d'un posemètre/flashmètre : en 2 ou 3 mesures, on sait immédiatement si l'éclairage est pourri, corrigeable simplement ou non)
- les réglages de couleur des boitiers ne correspondent pas forcément aux valeurs brutes données par le "thermo" (et peuvent varier en 2 modèles de la même marque)
- la charte de gris / couleur est indispensable et doit comprendre au minimum :
- une plage blanche (le plus blanc (pas bleu) et le plus neutre possible) et une plage noire (le plus noir possible et toujours neutre)
- des plages grises (neutres)
- quelques plages colorées (au minimum : bleu, vert, rouge, jaune, magenta, cyan, teinte chair)
- le carton gris ne sert aujourd'hui à rien
Quand on est riche, avec un vrai flashmètre (avec une sonde à intégration (sphérique) et une sonde plate), un thermocolorimètre et des chartes de couleur à profusion, du temps et ,si possible, un ordi qui permet de travailler en connecté, voici comment on procède :
- avec le thermocolorimètre, on vérifie la couleur de chaque source lumineuse et on équilibre au besoin chaque source avec des filtres (quand on a pas de thermo, on photographie des chartes et mesure, dans le logiciel de traitement d'image ou avec le boitier (quand c'est possible), les plages blanches des charte pour vérifier que toutes les valeurs sont similaires (le blanc neutre est à 230, 230, 230 en RVB) (en argentique, ou en cinéma, l'opération a un coût réel et n'est pas instanée… le thermo est vite rentabilisé)
- avec le flashmètre et la sonde plate, on vérifie le contraste et l'homogénéité de l'éclairage (application typique pour la reproduction de document trop grand pour passer au scanner) (c'est possible à faire sans, mais il faut un "panneau" blanc ou gris mat de la taille de ce que l'on photographie - ça peut vite devenir galère, surtout avec une optique qui vignète)
- avec le flashmètre et la sphère intégratrice, on détermine l'exposition (un bon opérateur arrive à une précision de ± 1/3 de diaph)
- avec une charte, on vérifie la précision de l'exposition et on règle la température de couleur sur le boitier (plage blanche à 230, 230, 230) (et on n'oublie pas de regarder les plages grises et les plages couleur, il y a parfois des surprises) (en argentique, on détermine les filtres nécessaires pour équilibrer couleur de l'éclairage et équilibre colorimétrique du film et de son traitement…)
- enfin, on prend une vraie photo pour vérifier sur l'histogramme et à la pipette que l'image n'a pas de zone bouchée (noir à 0,0,0) ou de blancs cramés indésirables (blanc à 255, 255, 255) (View NX (2) fait ça très bien en appuyant sur les touches S et H) (en argentique, on fait un Pola… )
Dans tous les cas où on a pas les sous pour tout avoir (ou la place dans le sac de l'appareil photo pour tout trimbaler ou qu'on a mal au dos ou qu'on a pas le temps ou…) : on prend une photo en RAW, on brakete (ou on fait une confiance aveugle aux automatismes du boitier - chez Nikon, ça marche bien) et on corrige l'image sur un écran calibré.
Si on a un peu de temps et qu'on a besoin de faire un boulot propre (ou pas trop pourri pour éviter des plombes de traitement), un PC (ou un Mac) avec un (des) logiciel(s) qui va (vont) bien pour travailler en connecté et quelques cibles blanches dont on connaît la couleur (au boulot, j'ai des poteries blanches qui tournent autour de 230, 225, 220 en RVB) permettent de faire plus vite que la vraie méthode des livres.
Pour le prix d'un thermo actuel (les 1300 € du Sekonic C500), on peut avoir Camera control Pro 2, View NX-2 (ou Capture One Pro 7 ou DigiCamControl), une charte Squadra et une charte X-rite (moins cher que la grande charte X-rite toute pleine de plages colorées qu'on sait pas à quoi elles servent)… et il reste des sous pour acheter un ordi (ou une tablette avec un logiciel adapté) pour faire tourner tout ça.
A+
Laurent Galmiche