Je ne suis pas sûr que donner l'injonction à un débutant de travailler en manuel soit une bonne idée…
Devant la quantité de déchets, il faut vraiment s'accrocher pour progresser… et, au final, ça ne sert à rien, la règle du f/16 étant compliquée à appliquer en numérique (oui, elle est toujours d'actualité et fonctionne… avec les limites liées à l'absence de tolérance d'exposition des capteurs).
Il faut vivre avec son temps : nous avons aujourd'hui des boitiers qui permettent de sortir des photos "bien" exposées en appuyant juste sur le déclencheur. Pourquoi s'en priver ?
De même, pourquoi vouloir à tout prix faire une mise au point manuelle quand les boitiers et les objectifs ne sont plus prévus pour (la course de la bague de mise au point des objectifs AF est 2 à 3 fois plus courte que ce qu'elle était sur les objectifs à mise au point manuelle… il suffit de tester en assistance à la mise au point pour voir que ce que l'on pouvait faite "à l'œil" sur les Nikon non AF avec leur dépoli très granuleux et les stigmomètres et microprismes n'est tout simplement plus possible avec les boitiers et objectifs actuels…)
J'ignore s'il y a une bonne méthode pour faire comprendre à un débutant ce qui se passe quand on ferme le diaphragme ou quand on augmente la vitesse d'obturation… (celle qui m'avait servi à apprendre n'était pas top… et je n'ai pas (encore) trouvé mieux (mais j'en ai vu plein qui étaient bien pire)).
Pour moi, il est nécessaire, pour que ce soit efficace (et pour que le débutant trouve son style), d'apprendre en faisant des photos suffisamment techniquement réussies pour ne pas se décourager et voir une progression dans la qualité technique et artistique des images. Les modes automatiques sont un passage obligé…
Il est aussi, plus que tout, indispensable d'apprendre à lire la lumière (estimer quantité et qualité (température de couleur, IRC, spécularité…))… cette connaissance permet de comprendre pourquoi, lors que l'on photographie un personnage en "ombre découverte" devant un fond ensoleillé, le fond est automatiquement très chaud (lumière autour de 5000 K) et le personnage très bleu (lumière de 7000 K à 8000 K), le boitier se calant autour de 6000 K… (il y a longtemps, il y avait, dans les boites de film, une notice papier ou imprimé au verso, des petits dessins rappelant la règle du f/16 et, pour les films couleur, donnant des repères de température de couleur).
On n'apprend pas à lire avec des poèmes de Paul Eluard, à compter en faisant des additions de matrices ou à marcher en faisant un trek en montagne… Pour que ce soit compréhensible, il faut simplifier tout ce qui peut l'être puis augmenter petit à petit la complexité. Un passage par le studio où la lumière est contrôlée (et peut être facilement modulée) peut-être une piste pour aider à comprendre et aller plus loin.
A+
Laurent Galmiche