[pavé dans la mare = ON]
J'ai une position bien tranchée sur la soi-disant disparition de l'argentique. Je développe.
D'abord n'a disparu que quelque chose dont on ne trouve plus trace, là c'est pas le cas, on trouve des boîtiers d'occasion, neufs, des films, de la chimie. En moindre quantité, certes, mais on trouve. On n'est pas en train de parler de l'extinction de l'espèce encore.
Ensuite pourquoi l'argentique perd de la vitesse ? Parce que le numérique est arrivé. Oui. Mais pourquoi allons-nous tous vers le numérique ? "C'est facile", "c'est moins cher", "ça permet les erreurs" ... On les connaît par cœur les arguments et d'ailleurs je me les applique à moi-même aussi.
Sauf que le fin fond du problème n'est pas là, il est pour moi dans l'absence de volonté de prise de risque de la part du photographe.
Je mets de côté volontairement les pros dont le rythme de travail imposé fait que le numérique est un vrai atout, voire une obligation aujourd'hui, question de survie (là pour le coup il y a risque d'extinction de l'espèce). Je parle bien des amateurs ou passionnés que nous sommes. On ne veut plus prendre de risque, c'est un phénomène de société, on a tous des assurances redondantes à la pelle pour tout et pour n'importe quoi, alors faire de l'argentique sans savoir quelle va être l'allure de la photo, ne pas être certain de sa mesure de lumière, de sa mise au point, de sa profondeur de champ, ne pas être sûr que Tata Ginette sera belle sur la photo, tout ça ça inquiète. Et on n'aime pas (plus) être inquiétés. Alors le numérique lui il rassure. On évite tous ces tracas. Et on se dit que ça va être bien, que la vie va être belle, qu'on va être des pros (il y en a même pour penser qu'ils pourraient vendre le fruit de leur dur labeur). Et on fait des tonnes de photos à peu près aussi mauvaises qu'en argentique (non, j'exagère, dans les miennes y'en a des bien !!) mais au moins on se dit que c'est pas notre faute puisque le boîtier est ce qui se fait de mieux sur le marché (et si c'est pas le cas on le change vite) et que si c'est pas le boîtier ça doit être le logiciel de traitement, ou vraiment si c'est pas bon, que c'est peut-être l'autre, celui qui regarde, qu'a rien compris.
J'ai récemment remis une HP5 dans mon F5 parce que je saturais de cette déferlante numérique qui fait qu'à peine rentré de ballade mes photos sont sur le Net, que je n'ai plus l'appréhension de déclencher (à quand un reflex numérique sans écran de visualisation qu'on rigole un peu ??) et que trop vite c'est ... trop vite.
Alors non je ne condamne pas le numérique, surtout pas, autres temps autres mœurs, mais n'enterrons pas trop vite l'argentique car les seuls responsables c'est nous, en effet, et ce n'est pas pour toutes les bonnes excuses qu'on veut bien se trouver mais par manque de courage, rien d'autre.
Je vous rassure, je me suis regardé dans la glace avant de penser ça et j'ai même pris le temps de tourner ma pensée 7 fois dans mon (petit) cerveau avant de l'écrire. Ah, pour finir, un détail, je rentre d'une ballade consumériste consistant à trouver une pochette de feuilles de papier pour imprimantes jet d'encre (vous savez, le truc qui sert à faire des tirages ... numériques) chez une grande enseigne dont je tairai le nom pour ne pas qu'elle ait honte, une pochette toute con, le papier qu'on nous dit "qu'on trouve partout", ben non, c'est pas vrai, y'avait rien. Serait-ce la fin du numérique ??
[pavé dans la mare = OFF]