Bonjour,
Je tombe sur ce "vieux" fil… et je lis tout, en retrouvant derrière les récits de chacun, un peu de ma propre aventure photo. La marque, ça compte dans une vie de photographie, et même si c'est du métal ou du polycarbonate, c'est un outil de création, un compagnon de beaucoup d'instants intenses.
Acte 1. La découverte : jusqu'à 12 ans, tout était bon pour photographier : du folding Lumière 6,5/11mm de mon père qui trône dans une vitrine (l'appareil photo…) au Browny flash et ses équivalents (j'en ai gardé un). C'étaient des machines à faire des photos. Je pensais à l'époque que la marque n'avait aucune importance. J'ai changé d'avis.
Acte 2. La "vraie"photo avec un reflex : J'en ai rêvé des mois, j'ai appris par cœur ses notices, je le voulais parce que j'avais appris ou cru comprendre le poids de l'innovation, de celle qui donne envie de participer à une aventure du progrès, à une aventure de l'esprit. Ce fut
l'Edixa Mat Reflex D acheté chez Grenier Natkin à Paris. J'avais 13 ans, cette boutique était comme un temple de la photo. Son patron, M. Hayem, était adorable et conseillait les clients tout en leur faisant quelques fleurs comme du prêt de matériel (qu'on voulait acheter ensuite…). L'Edixa se compléta d'optiques Steinheil, Schneider et Taïr (un 4,5/300 mm russe) et des tas d'accessoires.
Acte 3. Le monde pro : En 1972, j'avais passé les 20 ans, c'était le moment des choix cornéliens :
Canon F1 ou Nikon F. Des heures de réflexion, de lectures de tests et d'interviews (sans le net…). L'image du F me tentait (le modèle des pros du Vietnam), son système incroyable d'accessoires en tout genre. En face, le F1 de Canon qui se présentait alors comme l'outsider, celui qui présentait vraiment l'innovation. Ce qui fit pencher la balance : un argument tout bête. l'Optique Chauvet, toujours à Paris, m'avança que Canon vendait pour une bouchée de pain une bague d'adaptation pour mes anciennes optiques 42 mm à vis, ce que ne faisait paraît-il pas Nikon (je ne l'ai jamais vraiment vérifié). J'achetai donc un
F1 et son magnifique 1,4/50 mm. Les premières années, comme prévu, je pouvais réutiliser mon capital optique (sans les couplages mais ce n'était pas bien gênant). Ensuite, ce furent de belles années d'investissements en formidables objectifs dont l'exceptionnel
TS 2,8/35 mm à décentrement et bascule. En 1988, la fatigue du F1 et le désir de profiter des innovations des boitiers me fit acquérir le
T90. J'étais Canoniste, même si je me tenais au courant des innovations des autres, et de Nikon en particulier. Tout ce qui é été dit par mes prédécesseurs du fil se retrouve : désir de pérenniser son parc d'objectifs, cycle de renouvellement lent car innovations pas très fréquentes. Et réel progrès, bien sensible à chaque achat.
Acte 4. La rupture et la découverte d'un nouveau monde : Dans les années 90 (je ne sais plus quand), Canon annonça son changement de bague et surtout l'abandon définitif de la fabrication des boitiers pour la gamme d'objectifs FD. A terme, toutes ces optiques étaient condamnées. Ce fut la limite de ma "fidélité". En 1995, je vendis dans la tristesse tout mon matériel Canon à un revendeur et à un particulier pendant qu'il en était encore temps. Je ne conservai même pas mon F1 alors que mon Edixa trône toujours face à mon bureau. Bien sûr, l'opération, comme d'autres l'ont dit avant moi, allégea mon fourre tout et mon compte en banque. Je ne repartis de chez le revendeur qu'avec un
F90 (le F90X était trop cher), un 1,8/50 AF (belle descente pour moi qui n'avait connu que les 1,4…), un 2,8/24 AFD et un 2,8/105 micro nikkor AFD ainsi qu'un flash SB-25.
Nikoniste, léger mais heureux. Heureux de venir vers une marque que j'aurais dû choisir dès le début peut-être, même si les kodachromes au F1 et TS 2,8/35 demeurent merveilleux. Le critère de fidélité dont on discute ici s'est encore affiné : innovation technique indiscutable (comme l'exposition, la gestion des flash, de meilleures optiques dans l'ensemble même s'il y a des exceptions soulignées dans ce fil, etc.), qualité de construction, fiabilité, pérennité et respect du parc d'objectifs. Si j'avais choisi Nikon en 1972, j'aurais encore les équivalents des magnifiques cailloux dont j'ai dû me séparer !
Acte 5. La sérénité : En 2002, je me suis équipé d'un
Coolpix 990 (que j'ai toujours, il me sert bien pour les panoramas virtuels pour le net avec son complément grand angle). Ensuite, un
D70 en 2004, un
D200 en 2007 et à nouveau un assez joli parc d'optiques (je viens de me réoffrir un 1,4/50 mm- j'en ai été privé 14 ans "à cause" de Canon). Je pense rester chez Nikon, sauf si les raisons de ma "fidélité" étaient mises en échec (plus d'innovation véritable ou abandon des clients fidèle en changeant de standard de baïonnette, par exemple).
Bien sûr qu'un jour ce sera le
D800 (! ou son suivant ?) quand il aura la fonction de récupération des optiques DX avec le maximum de pixels pour permettre de doubler tout son parc d'objectifs, tantôt en FX pour les GA, tantôt en DX pour les télés. Je n'ai pas acheté le D700 pour cette raison : Faire du DX en 5 Mpixels alors que j'en ai le double sur le D200 ne m'a pas tenté… J'attends 24Mp en FX et disons, 12 en DX. Ce jour là je serai acquéreur.
Epilogue : Une infidélité proche peut-être ? Pourquoi pas ? Mon 2,8/14-24 mm est une pure merveille, mais qu'il est lourd avec le D200… Alors le petit
Leica X1 me tente bien, mais ce ne sera pas une infidélité, juste une compensation, un compact de luxe en somme. Je resterai Nikon pour tout le reste.
J'espère ne pas avoir été trop long, mais on est entre passionnés, je crois ?
Bien cordialement.
PS. Un de mes sites explique un peu tout ça en images :
http://www.cetec-info.org/JLMichel/Photo.jlm.html