1/ Le lecteur n'est jamais l'artiste ! Jaunia serait-il Hugo dès lors qu'il aurait lu "les Misérables", serait-il Gabriel Garcia Marquez... Se transformerait-il en Mozart après avoir vu "La flûte enchantée", ou en John Lee Hooker ? Deviendrait-il Goya, Picasso, Manet au prétexte qu'il a "lu" leurs œuvres ? Ce serait-il transformé en Bresson, Capa, Leibovitz après s'être plongé dans leur travail ? Sans doute que non, il peut être devenu un grand "amateur" (au sens noble : celui qui aime), il peut aussi être un artiste par son oeuvre (ce que je lui souhaite).
2/ Un cuisinier est fier de son plat ? Insensé ! Un maçon est fier de son mur ? Insensé ! Une coiffeuse est fière de sa coupe ? Insensé ! pourtant je rencontre et ai rencontré des cuisiniers, maçons, coiffeuses... fiers de leur travail. En discutant avec eux, il m'est arrivé d'apprendre de "trucs", des gestes techniques, des priorités, des "règles" (horreur). Tel cuisinier m'a appris l'importance des temps de cuisson, de l'équilibre des saveurs, des variétés des coups, etc. ; tel maçon m'a indiqué comment "asseoir" un mur, comment le démarrer, les proportions pour le béton, les gestes techniques nécessaires ; en discutant avec ma coiffeuse, j'ai pu comprendre un peu l'organisation de son salon, la préparation de ses produits, les temps de "séchage", une partie de ses gestes techniques...
Alors, je pose deux questions ; pourquoi un photographe ne peut-il être fier de certaines de ses photos ; la connaissance de règles est-elle castratrice ou libératrice ? Les "artisans" désignés ci-dessus peuvent créer dès lors qu'ils connaissent les règles et peuvent les dépasser.
Le "critique d'art" n'en est d'ailleurs pas exclu : les meilleurs sont ceux capables d'asseoir un avis sur une analyse construite.