Ce qui distingue le plus radicalement l'art visuel contemporain des productions antérieures, c'est l'abandon du contemplatif au profit de l'analytique: l'artiste ne cherche plus à faire du beau, mais à questionner le monde, le statut de l'art, de l'œuvre, de l'artiste, etc., et à remettre en cause les présupposés théoriques encore universellement acceptés dans l’art moderne (c. 1907-1965).
Ainsi, par exemple, le rejet de la valorisation de l'originalité mène de nombreux photographes à réhabiliter le banal, et une tendance de la photographie plasticienne s’est construite sur la décontruction du mythe de l’instant décisif de Cartier-Bresson.
La bonne question, pour une œuvre contemporaine dans la tendance dominante, n'est donc pas "j'aime ou j'aime pas", mais plutôt "je comprends ou je comprends pas". Cette nouvelle "esthétique" est de ce fait profondément élitiste, ce qui, pour un art populaire comme la photographie, est un curieux paradoxe.