Je vais essayer de répondre concernant le DX… comme je travaille sur ce coup là en partie de mémoire, les imprécisions et les erreurs ne sont pas exclues.
L'histoire du DX remonte loin, très loin…
Kodak a introduit sur le marché nombre de formats photographiques. Un des rares qu'il n'ait pas commis est le format 24×36 dont l'inventeur est Oscar Barnack qui a bricolé un appareil de petit format pour faire des essais et qui a utilisé le film cinéma 35 mm en optant pour un format image correspondant à 2 vues de films cinéma.
Le film 24x36 a plein de défauts :
- les perforations coûtent cher
- l'image est trop petite rapportée à la largeur du film
- le film est trop long pour un usage amateur et trop court en professionnel
- la manipulation du film est compliquée tant pour l'utilisateur (chargement, rembobinage…) que pour le laboratoire…
Kodak a donc tout fait pour faire mieux :
- en 1963, le film 126 toujours sur 35 mm mais sans les 2 rangées de perforations (une seule perforation par vue carrée) est un premier progrès : le film est conditionné dans une cassette, pas de rembobinage nécessaire et largeur compatible avec le matériel de laboratoire existant
- en 1972, le film 110 est la seconde étape : toujours en cassette, plus petit, avec une vue rectangulaire et un manipulation plus aisée en laboratoire : il n'est plus nécessaire d'exploser la cassette pour accéder au film. La qualité d'image est au rendez-vous : les progrès fait dans les films font que la qualité est plutôt meilleure en 110 qu'en 126 bien que le film ne fasse que 16 mm de large (encore un format cinéma)
- en 1982, Kodak créé la révolution : un film encore plus petit, en forme de disque, conditionné en cartouche… le système repose sur la notion d'"espace photographique" (oui, Kodak fait de la recherche fondamentale…) et, une fois de plus, sur les progrès en matière de film et de traitement. Mais là, ça ne marche pas : les appareils sont chers, le traitement et le tirage des films demande un équipement particulier, on ne peut pas regarder le film développé qui est renvoyé une fois développé protégé dans sa cartouche (ça n'a l'air de rien mais ça a compté dans l'échec), la qualité d'image n'est pas au rendez-vous. Les fabricants japonais qui inondent le marché de compacts 24×36 pas chers et de plus en plus pratique (en particulier coté chargement) pendant que les premiers minilabs faits sur mesure pour traiter du film 135 en 1 h arrivent et font le reste.
Dès les années 80, la question se pose d'un successeur au format 24x36 et Kodak lance des pistes :
- ratio dimension de l'image - largeur du film meilleure que le film 135
- manipulation aisée du film tant pour l'utilisateur que pour le laboratoire
- film protégé dans cartouche après développement
- bande magnétique sur le film
Ne voulant pas refaire l'opération du Disc, Kodak a tenu à associer les fabricants d'appareils et d'équipements de laboratoire au développement du nouveau format… et le développement de ce format est devenu long, très long d'autant plus que le 135 évoluait (codage DX sur la cartouche comme sur le film, format panoramique…)
Et le fruit du travail sort en 1996 :
- film 24 mm avec dorsale magnétique et 4 encoches par vues
- image format 16,7 × 30,2 mm (APS-H) pouvant être recadrée dès la prise de vue en panoramique 9,5 × 30,2 (APS-P) ou en 16,7 × 25,1 mm (APS-C)
- nombre de vues constant, manipulation aisée en laboratoire, film protégé dans la cartouche après développement, travaux livrés avec un index…
Alors que la version professionnelle se fait attendre (il y a eu un film 35 mm dans les cartons un moment puis des annonces d'inversible et de noir et blanc APS), Nikon sort le Pronea S en septembre 1998 construit autour de la monture F qui date de 1959 et a évolué petit à petit (c'est, de mémoire, le seul reflex sérieux à objectifs interchangeables avec un vrai catalogue d'optiques a avoir été commercialisé). Le D1 (presque premier reflex numérique Nikon - format APS-C) sort en 1999 et le numérique a tué l'APS comme le minilab a tué le Kodak Disc et les cameras vidéo ont tué le Polavision (et le Super 8 mais il avait eu le temps de vivre).
Dans les "débuts" du numérique, c'était un peu l'anarchie dans les formats : les fabricants sérieux essayaient de monter ensemble un boitier, un capteur et l'électronique qui va avec : entre les dos pour Blad (format 24 x 24 maxi) et les bricolages de Kodak sur boitier Nikon F90, il ne fallait pas avoir peur de jongler avec les coefficients multiplicateurs et les catalogues d'objectifs pour avoir quelque chose d'utilisable (Nikon, un moment, a utilisé, en association avec Fuji, un système optique qui réduisait la taille de l'image pour utiliser un capteur 2/3 de pouce sur un format 24x36).
Alors que jusque là, les fabricants de capteurs faisaient ce qu'il voulaient, la standardisation est arrivée courant 1999 avec les capteurs APS-C dont l'emploi s'est généralisé en reflex pro chez Nikon, Fuji et Canon (mais Canon a adopté deux formats de capteurs : un faux APS-H pro de 19,1 × 28,7 mm et un APS-C moins cher de 15,1 × 22,7 mm)
A+
Laurent Galmiche