Bonjour
En complément de ce que j'ai déjà écrit dans le fil cité par Weepbitterly, la question de l'adéquation d'un objectif avec un capteur ne peut s'apprécier qu'en fonction de l'utilisation des images :
- mon écran affiche 2 millions de pixels
- un tirage 10 x 15 optimal affiche 3 millions de pixels (optimal = à la résolution maxi de l'oeil (1 minute d'arc = le 10/10 e des ophtalmos) à une distance d'examen égale à la diagonale du format (soit 18 cm - c'est un peu court passé 40 ans)
- une sortie A4 à distance d'examen normale un peu plus de 8 millions de pixels
- et une sortie A3 affiche à distance d'examen normale… 8 millions de pixels parce que c'est pas parce que c'est plus grand que l'on regarde une image avec le nez collé dessus (on peu bien sûr le faire, mais on ne voit dans ces conditions qu'un bout de l'image)
Vu celà, à quoi ça sert d'avoir 12, 18, 24 millions de pixels ou plus ?
La réponse à cette bête question est de plusieurs ordres :
- marketing : le nombre de pixels d'un appareil photo, c'est comme les ZAZA (les ZISO), c'est une donnée facile à comprendre et à expliquer (la dynamique, le bruit, c'est autre chose)
- technique : la finesse des capteurs n'a rien à voir avec la finesse des processeurs ou des puces mémoire et il est techniquement très facile d'augmenter le nombre de pixels d'un capteur… si on accepte la montée du bruit qui va avec (un un taux de gâche plus important sur les wafers), il est bien plus facile de jouer sur la définition que d'améliorer la dynamique du capteur ou la résolution de l'objectif (et que, de toute manière, on ne pourra pas augmenter la résolution des objectifs dans les mêmes proportion, la nature ondulatoire de la lumière limitant la résolution)
- photographique : quand la résolution du capteur augmente, on gagne, avec le même traitement, un peu (pas beaucoup) en dynamique et en bruit (il y a plus de bruit mais les pixels sont plus petits et, au final, le bruit est moins visible)
Historiquement Nikon et Canon ont pris deux chemins différents :
- pendant que Nikon augmentait modérément la définition de ses boitiers en soignant le traitement du signal et en faisant évoluer ses objectifs…
- Canon augmentait à l'envie le nombre de pixel sans que le traitement du signal et que la qualité des optiques suivent (hors gammes pro et semi pro).
Le "test qui tue" est sorti en 2009 (dans Réponse photo je crois) : un comparatif entre un Nikon D90 avec l'optique de référence (un 18-105, je crois) et le Canon équivalent de l'époque et ses 18 Mpix. Le Canon affichait certe ses 18 Mpix mais l'image était plus bruitée que le D90, son optique prévue pour et ses 12 Mpix propres, le résultat était équivalent avec un petit avantage coté Nikon (qui montait mieux en sensibilité et avait la fontion vidéo).
Le surplus de pixels sert donc
- à donner de la marge pour le recadrage des images, les corrections de distorsion et de perspective
- à améliorer la dynamique de l'image et à rendre le bruit moins visible
- et ce au prix d'une augmentation du poids des fichiers qui croit avec la définition des capteurs
Coté objectifs, il ne faut pas prendre en compte que la définition (qui, de toute manière, atteint les limites du possible en APS-C et en approche avec le D800) mais aussi tous les paramètres "secondaires" qui vont avec : le traitement des aberrrations chromatiques (même s'il est possible d'améliorer les choses en post production), des aberrations de sphéricité (et coma, ça va avec), la réduction du flare (traitement multicouches), la distorsion, l'ouverture maxi (à quoi celà sert-il d'avoir un objectif dont l'ouverture maxi est 5,6 (cas des trans-standards en position télé) quand la diffraction apparait à 8 ?) et la forme du diaphragme (pour avoir un beau bokeh)
En fonction de ce qui précède, il y a un moment où, sur l'image finale (imprimée parce que c'est là que le besoin de définition est le plus important sans toutefois excéder les 8 Mpix en utilisation courante), la qualité de l'objectif devient insuffisante.
Pour moi (mais ce sont
mes critères), les limites sont d'abord au niveau des aberrations chromatiques et des aberrations de sphéricité qui limitent l'homonégéité de la netteté de l'image. La reduction des reflets parasites (flare) vient ensuite assez vite.
Vu les limites auxquelles on commence à être confronté au niveau diffraction, la forme du diaphragme devient importante et, même si ce n'est pas encore le cas, je pense qu'on ne pourra bientôt plus accepter un objectif dont l'ouverture n'est pas quasi-circulaire (sachant que j'intègre d'avance mes limites d'ouverture pour ne pas avoir de diffraction trop visible sur les images).
En usage courant, il est possible d'être très tolérant en matière de distorsion (quoique, les coussinets et les moustaches

…)
A+
Laurent Galmiche