Bonjour à tous.
Ce n'est pas une question, mais pas vraiment non plus un tutoriel. juste une illustration de ma propre expérience... merci de déplacer le fil dans la catégorie appropriée si il n'est pas à sa place
Suite à mon post sur le pilotage à l'ordi des boitiers nikon D3100 et D5100, je vais vous faire un topo sur ma méthode de prise de vue microphotographique.
Je collectionne les microminéraux depuis l'adolescence. L'un des principaux problème posé par ce type de collection est la difficulté de partage avec d'autres personnes. Ils ne peuvent être admirés qu'au travers d'une loupe binoculaire, ce qui est un facteur limitant.
Accessoirement, j'ai toujours peur d'une maladresse lorsque je fais admirer à des néophytes des espèces très fragiles et rares (un doigt posé sur les cristaux, et adieu...)
J'ai donc décidé de franchir le pas et de photographier mes meilleures pièces.
Il est communément admis que les bonnes microphotographies ne se font pas au travers de loupes binoculaires (ce n'est pas vrai avec le matériel très haut de gamme), mais avec du matériel photographique spécifique. Restait à trouver le-dit matériel (j'ai débuté il y a longtemps, un temps ou internet balbutiait encore, et ou la baie n'existait pas).
Mes premiers pas ont été faits sur un rolleiflex SL-35, avec des bagues allonge (nostalgie...). Un matos superbe pour la photo commune, mais trop limité quant-à ses possibilités microphotographiques.
Et puis il me fallait un soufflet. Les soufflets Rollei sont très rares, et les soufflets compatibles (novoflex) hors de prix et ridiculement courts.
En fouinant un peu, j'ai dégoté un soufflet Nikon PB-4. J'ai donc décidé d'investir dans du matériel Nikon. Choix judicieux grâce à la compatibilité des matériels de générations différentes (je ne vais pas m'étendre, je prêche des convertis, mais j'ai remarqué que des adeptes d'autres marques, canonistes notamment, adaptaient leur matériels pour les utiliser avec des soufflets nikon).
J'ai donc acheté (d'occasion) un boitier F3. J'ai également acheté le verre de visée type E « quivabien ». plus tard j'ai eu la chance de trouver un viseur DW-4
Restait – problème le plus épineux - à trouver les bons objectifs
Je travaillais avec un micro-nikkor 55/2,8. monté en position inversée sur le soufflet, je pouvais approcher un grossissement de 5x. Pas mal, mais je voulais aller beaucoup plus loin...
Pour ce faire, il existe 2 solutions : accroître le tirage, ou diminuer la focale.
Pas évident de rabouter plusieurs soufflets, donc je suis parti en quête d'objectifs de courte focale.
J'ai testé plein de trucs sans réel succès : des objectifs grand angle, des objectifs de caméra en position inversée, etc.... le rendu n'était pas à la hauteur des attentes. Il me fallait donc de objectifs spéciaux, conçus et fabriqués pour les forts grossissements.
Pratiquement tous les fabricants d'optique en ont fait, mais toutes les productions sont arrêtées depuis belle lurette. Les plus connus sont les Zeiss Luminar, Les Leitz Photar et les nikon Macro-Nikkor (qui sont probablement les meilleurs de tous, et en tout cas les plus chers sur le marché de l'occasion. Attention de ne pas les confondre avec les micro-nikkors bien connus de tous.)
Il en existe plein d'autres (Canon auto-bellows, olympus micro-zuiko, minolta micro-bellows, etc...) impossible de dresser une liste exhaustive.
Ces optiques, notamment les courtes focales, sont construites sur la base des optiques de microscope. Elles en ont la taille et leur monture est un filetage RMS (royal mount screw : 20,5mm). Part contre elles sont conçues pour être utilisées sans oculaire et sont munies d'un diaphragme pour la maîtrise de la profondeur de champ.
J'ai donc fini par trouver un canon auto-bellows 20mm (pas la meilleure optique que j'aie trouvé : très sujette à la diffraction dès qu'on visse un peu le diaph, mais bon....).
J'ai bricolé une bague adaptatrice nikon F → RMS, et c'est parti.
En microphotographie, on se retrouve confronté à divers problèmes...
La mesure de la lumière : Ne jamais faire confiance à la cellule du boitier. Elle est généralement à l'ouest... je travaillais en diapo : je faisais plusieurs images en brackettant d'un diaph (!) a chaque fois, et je notais tous mes réglages. Après le développement, je remettais tout en place et refaisais la photo en brackettant cette fois d'1/3 de diaph.
J'étais content quand au final j'avais 3 ou 4 bonnes photos sur un film de 36 vues..... peu de rendement, mais le fait de tout noter a été très formateur. (surtout que je travaillais au flash).
Aujourd'hui avec le numérique, il est bien plus facile de trouver directement la bonne exposition. Je me suis également affranchi des mauvaises surprises dues aux reflets imprévus en travaillant avec une source lumière froide (source halogène + filtre 80B, reprise par des fibres optiques)
Deuxième problème : les vibrations !!! tout le système doit être excessivement rigide. Et même ainsi aux forts grossissements on observe des vibrations dues au simple aller-retour du miroir.
Troisième problème : la profondeur de champ. Elle est toujours très faible en microphotographie. Et il est difficile de diaphragmer car d'une part on réduit l'ouverture numérique de l'objectif, et donc son pouvoir séparateur (son piqué) et d'autre part la diffraction va vite apparaître et finir de démolir la netteté de l'image. Difficile compromis...
C'est encore pire en numérique, où - semble t-il - la structure en nid d'abeille des capteurs est encore plus sensible à la diffraction que les films argentiques.
Il existe néanmoins une parade en numérique (l'arme absolue, devrais-je dire), et j'y reviendrai plus tard...
J'ai ensuite complété mon matériel : Boitier numérique Nikon D1x, j'ai revendu l'objectif Canon 20mm, ayant trouvé des Zeiss luminar 25 et 16mm (merci à l'inventeur d'ebay – c'était totalement introuvable il y a une quinzaine d'années, aujourd'hui ça se dégote facilement pour 250€, voire moins)
J'ai aussi investi (l'occasion faisant le larron) dans un soufflet PB-6 et son extension PB-6E.
Voici donc à quoi ressemblait le matériel de prise de vue il y a 3 ou 4 ans :
Le statif est un statif nikon vintage. Le soufflet PB-4 est fixé dessus, le Zeiss luminar 25mm monté. Le Zeiss luminar 16mm est exposé sur la table élévatrice de labo (pour faciliter la mise au point)
Un vernier X-Y de microscope est là pour faciliter le déplacement fin de l'échantillon à photographier, et donc le cadrage. Le boitier F3 avec son DW-4 est monté sur le soufflet (le D1x est … dans mes mains, bien sur!).
Sur le plateau du statif, un soufflet PB-6 avec le micro-nikkor 55mm en position inversée.
On peut voir les 2 fibres optiques pointer vers le plateau élévateur.
Sur la colonne, un bras articulé supplémentaire vient se fixer sous la semelle du D1x pour un supplément de rigidité.
Les Zeiss luminar 40 et 63mm sont venus compléter la série. J'utilise aussi de courts téléobjectifs (85mm, 105mm et 120mm) pour les faibles grossissements.