Adobe RVB est en effet un espace de travail plus grand que sRVB.
Et on peut se dire : qui peut le plus peut le moins.
Mais il faut aussi être conscient, dans ce domaine, des limites matérielles et humaines.
- Un écran standard a déjà du mal à reproduire l'espace sRVB. Pour reproduire l'espace Adobe RVB, il faut disposer d'un écran graphique haut de gamme, qui sait reproduire entre 95% et 98%, voire 100/105% de Adobe RVB. Les écrans bas de gamme, en particulier les dalles montées sur bon nombre d'ordinateurs portables, en sont très loin, elles qui peinent à afficher ne serait-ce que 262.000 couleurs : 6 bits soit 64 niveaux pour chacune des couleurs primaires R/V/B (pour comparaison, le sRVB, c'est 16 millions de couleurs, 8 bits et 256 niveaux par couleur primaire).
- la vison humaine est limitée à 8 millions de couleurs environ - pour les yeux les plus performants. Ça se dégrade avec de nombreux facteurs, dont l'âge, jusqu'à tomber à environ 2 millions de couleurs.
- Et surtout : ni les imprimantes, même les plus performantes, ni les papiers disponibles sur le marché, ne sont capables de reproduire entièrement l'espace sRVB. Et ils sont encore plus loin de l'espace Adobe RVB.
Et enfin : les imprimantes ne travaillent pas en synthèse des couleurs additives (RVB) mais en synthèse soustractive (CMJ + N). Un écran éteint est noir. Un papier non imprimé est blanc. Pour produire une couleur sur un écran, on allume un pixel, et pour produire une couleur sur un papier, on le bombarde de taches qui recouvrent le blanc. Il y a donc à l'impression, systématiquement, une conversion d'un espace RVB, sRVB ou Adobe, vers un espace CMJN.
Ceci pour relativiser l'intérêt réel de l'espace Adobe RVB, qui n'a rien à voir avec le choix du format de fichier, raw ou jpeg.
D'autre part, lorsqu'on modifie l'espace de travail, par exemple en passant de Adobe RVB à sRVB, il se passe certaines choses qu'il faut garder à l'esprit.
Comment passe-t-on d'un espace à l'autre ?
Il y a plusieurs méthodes, qu'on trouve aussi dans les options des drivers d'imprimantes, lesquelles doivent encore réduire l'espace de couleurs pour se limiter à celles qu'elles savent reproduire : "relative", perceptive", absolue", "saturation"... qui se résument à "comment faire rentrer un gros contenu dans un petit contenant".
Réponse : il faut é-li-mi-ner
, autrement dit raboter ce qui dépasse.
Sans rentrer dans les détails, la technique de conversion "absolue" consiste à supprimer brutalement toutes les couleurs qui dépassent. La technique "relative" consiste à comprimer et simplifier le spectre pour tout faire rentrer en force. La technique "perceptive" se veut plus intelligente et graduée que les deux autres, mais ce n'est pas non plus la technique qui donnera systématiquement le meilleur rendu.
En envoyant à ton tireur des fichiers en Adobe RVB, tu compliques la tâche du driver d'impression - tu imagines bien que les tirages se font généralement de manière automatisée, sans intervention humaine - avec une bonne chance d'obtenir en retour des tirages aux couleurs trop saturées.
En lui envoyant des fichiers sRVB, que tu auras contrôlés sur ton écran avant envoi, tu maximises tes chances d'obtenir des tirages très proches de ce que tu as vu à l'écran.