Désolé de me glisser dans la conversation mais il y a des propos que je ne peux plus lire...
Comment peut-on encore parler de la supériorité de l'argentique ?
Il n'y a plus un seul domaine où le numérique ne domine pas l'argentique de la tête et des épaules : résolution, sensibilité (le 6400 sans bruit avec un D800 !), ajustement des couleurs (fini le problème des lumières artificielles), fiabilité d'exposition, vitesse d'exécution...
La "domination" pour faire quoi ?
La chaîne de production numérique, c'est un ensemble d'outils matériels et logiciels. Certains peuvent vouloir utiliser de tels outils, d'autres non. Cela dépend de ce que l'on veut créer au final, et de la manière dont on veut le créer.
Il y a de formidables graphistes qui travaillent uniquement à la palette graphique, et d'autres formidables graphistes qui travaillent au crayon à mine graphite, ou à la plume et à l'encre. La "domination" technique de la palette graphique et des logiciels associés, certains n'en ont rien à faire, et produisent des illustrations qui ne sont pas "dominées" par des images issues d'un ensemble matériel et logiciel numérique.
Le raisonnement en termes de domination de l'outil est vraiment attristant, parce qu'il nie la valeur humaine et la qualité de la production finale.
Pas besoin de faire de l'informatique : on photographie en RAW, on passe le tout dans Dx0 et tout est corrigé : distorsion, vignetage résiduel, contraste, colorimétrie, piqué... le tout automatiquement en quelques secondes... bien plus rapide que de donner un film à développer.
Un traitement qui, dans une automatisation présentée de cette manière, ne semble donc rien apporter de personnel, aucun supplément d'âme.
J'ai acheté récemment un D800 : c'est une tuerie.... je n'ai jamais fait de moyen formats argentique mais tous les tests que j'ai lu montre que l'on arrive à une qualité au moins équivalente en niveau de détails et que c'est mieux sur tout le reste. J'ai récemment ressorti des vieux Kodachromes des années 80 pris avec des optiques top de l'époque... numérisées sur Coolscan V... La qualité est pitoyable par rapport à ce que sort mon boitier actuel.
J'ai récemment vu de très près des Canaletto, des Vermeer, des Fragonard. Des originaux et des reproductions (probablement pas "numérisées sur Coolscan V"). Pour des types dont on ne connaît même pas la marque des pinceaux (un comble, non, par rapport à la fixation actuelle sur le matériel ?), je n'ai pas trouvé que la qualité était vraiment pitoyable par rapport à ce que produisent des gens à la palette graphique.
Je regarde des photos qui ont 20 ans, 40 ans, 100 ans, 150 ans. Et elles me parlent parfois plus que des photos d'aujourd'hui. Et l'inverse est tout aussi vrai. Si la technique faisait tout, alors personne ne serait ému par les portraits des migrants miséreux faits par Dorothea Lange dans les années 1930, parce qu'elle n'avais pas de Nikon D800E et d'optique multi-ceci et pluri-cela. La force du message, de l'émotion, ne se limite heureusement pas à la technique, aussi "supérieure" soit-elle. Un outil, aussi performant soit-il, reste un outil. L'esprit, lui, ne se compte pas en pixels ou en piqué.
J'adore les boitiers argentiques. Je les collectionne. A 45 ans, la nostalgie est déjà là... mais pas au point de refuser le progrès et de ne pas vivre avec mon temps.
Argument spécieux que celui du "refus du progrès".
Surtout si, pour du matériel photographique, "progrès" signifie "viseurs trous de serrure à moins de taper dans du haut de gamme", "obsolescence programmée", etc.
Mais, bon, que penser des gens qui cuisinent encore sur un feu au gaz, alors que le progrès leur a amené les plaques à induction ? Que penser des gens qui cuisinent encore eux-mêmes, alors que le progrès leur a apporté les plats tout-prêts qu'il suffit de réchauffer ? Que penser des gens qui aiment flâner le nez au vent là où les téléphones portables ne captent rien, alors que le progrès leur a apporté un environnement ultra-technologique ?
Je plaide pour que chacun ait le droit de penser que telle façon de vivre, telle façon de manger, telle façon de faire de la photo lui paraît,
à lui, nettement mieux que telle autre. Et je plaide pour qu'il n'empêche pas les autres de penser différemment.