Moi je ne suis par pour dire aux autres ce qu'ils doivent faire, mais comment peut faire un professionnel de qui on attend : temps patience, recherche personnelle et animaux non appâtés face à un amateur de qui on attend rien et qui lui va aller en affût payant ? Si ce dernier, fier de ses photos va les proposer à un magazine, le pro n'a plus qu'à fermer boutique.
J'ai pratiqué quelques fois l'affût payant, la première en 2010, pendant l'hiver, en Hongrie pour des pygargues, une fois dans la région de Saragosse pour les grues et une dernière en Estrémadure pour l'aigle de Bonelli. Hormis le Bonelli, je n'ai pas eu l'impression que je faisais les mêmes photos que tous les autres photographes, car ce n'était pas encore la mode.
Je me rappelle des discussions avec des pros finlandais qui, pour leurs photos, évitaient les fermes à ours, ou à photographes (ça dépend de quel côté on se place), et évoquaient le peu d'intérêt pour eux d'investir du temps dans ces endroits.
J'ai beaucoup travaillé dans ma carrière avec des animaux qui avaient étés capturés ou piégés, que ce soit à propos des invertébrés marins (Montier 2006)
des micro-mammifères (Montier 2010) ou de la faune des mares d'eau douce (Montier 2018). J'ai toujours précisé les conditions de prise de vue et relâché les animaux après les avoir photographiés. Toujours en respectant la législation et, si besoin, en obtenant les autorisations nécessaires.
Je trouve bien plus intéressant de faire un travail innovant qui a peu de chances d'être copié ensuite. Il faut tout inventer pour réaliser ses prises de vues, c'est comme partir en Tierra incognita pour découvrir un monde nouveau.
Après il faut être honnête et d'annoncer la couleur, parce que quand on me dit les trésors de patience qu'il a fallu pour photographier un lynx ibérique, alors qu'on voit que ce sont les photos d'une journée en affût payant d'un seul animal qui vient boire, ça me fait doucement rigoler.
Un peu plus de sérieux ne nuirait pas. Quand aux deux articles de Reporterre, en ce qui me concerne ce sont des articles écrits pour faire le buzz, qui n'apportent pas grand chose au débat si ce n'est attiser les passions, un trait journalistique pas vraiment honorable.