[artsmette]

Photo de la série "Le monde flottant - disparitions"
http://www.artsmette.fr/2014/04/projet-le-monde-flottant-disparitions.html

lieu : tour carrée du Château de Jalesnes (49390 Vernantes)
Modèle : Leslie

[christal2]

Bonjour artsmette,

Photo intéressante. J'aime bien l'idée.
Il y a sans doute une raison à ces deux rectangles au visage, et en bas , mais je ne la connais pas
et ne la retrouve pas dans les autres exemples tout aussi réussis,  de la galerie.
Avec l'angle de vue, l'apparition d'un dossier de chaise près du visage m'étonne un peu.
Je me rappelle une discussion sur l'affichage ou non d'un radiateur dans une telle ambiance, mais c'est un autre débat.   

[Nikofil]

Je suis probablement un vieux vicieux, mais ce qui m'a attiré le regard en premier lieu, c'est la fusion entre le bras gauche du modèle et le coussin.
On dirait un sein d'un certain âge, voire d'un âge certain.

J'ai bien la perspective des arêtes murales et l'ambiance dépouillée.

[artsmette]

J'ai, chez moi, 2 tirages de cette photo : 1 tirage 50x50 plexiglas, film translucide (photo pouvant être placée devant une fenêtre ou une éclairage arrière) ; 1 tirage 40x40 papier brillant collage sur Forex. Cette version écran (1024 px x 1024 px) est de qualité dégradée forcément.

- Le coussin-sein : c'est la 1ère fois qu'on me fait cette remarque. Sur les tirages, le coussin forme une sorte de manchon et ne peut en aucun cas prêter à confusion.
- Les 2 rectangles : question plus pertinente qui m'a été plusieurs fois posée d'autant que, là-aussi, sur les tirages, ils sont légèrement plus marqués. Le "monde flottant" (qui se déclinait en 3 chapitres : fausses fenêtres suspendues dans des espaces, couvertures de survie flottant dans des espaces et personnes disparaissent dans des espaces) traite ici de la disparition de personnes qui nous furent chères ou que nous avons croisées. Pour qui a connu une "disparition", il ait des moments où l'on s'effraie des défaillances de notre mémoire. De la même manière on s'étonne de se souvenir de détails auxquels nous n'avions jamais fait attention. Les rectangles rendaient compte de ce dernier phénomène. Pourquoi eux, pourquoi à ces emplacements ? Il n'y a pas de réponse, je les ai placés un peu au hasard comme ils me seraient venus à l'esprit sans que je puisse expliquer ces souvenirs.

[Chinook]

Hello,

Je n'accroche pas du tout, même s'il y a du travail, c'est certain. En fait, à 1ère vue c'est confus. Le rectangle sur le visage du modèle : pourquoi? Elle a pied de chaise sur le bout du pied. Le dossier de la chaise sur laquelle est assise la miss apparait de travers. La robe + coussin forment un ensemble confus... A  2ème vue, c'est toujours aussi confus.  Désolé. Les fuyantes des murs dynamisent l'image (même si je ne suis pas grand partisan ; je redresse dans la majorité des cas.), c'est pas mal !

Par curiosité, je suis allé sur la galerie " le monde flottant disparition", et vous aviez bien mieux à présenter (je pense aux 3 personnes sur le pont américain : géniale! La pomme et les 2 tableaux sur paysage : j'ai immédiatement pensé à R. Magritte, mais c'est un compliment    )...

[artsmette]

Qui "accroche", qui n'" accroche" pas, cela restera toujours un mystère, fort heureusement. Dans des formations, j'explique qu'une création à été réalisée par une personne à un instant I, en un temps T, dans un contexte C , elle est regardée par d'autres personnes soit à la même période ou longtemps après, des personnes qui ont leurs références. Qu'elles n'aiment ou qu'elles n'aiment pas, cette création aura sa vie. Elle peut très bien être "brûlée" en une autre période qui a ses propres références. Le principal est de ne jamais se poser la question "vais-je plaire ?"

[bozart]

Je trouve le cliché intéressant par son ambiance, ses couleurs.
Le bras droit du modèle est plutôt surprenant mais je ne sais pas si la compression en est la cause : il est élargi par un effet d'écrasement, et il a une texture étrange, comme bosselée, tavelée. C'est assez bizarre.

La déformation de la pièce perd de sa force à cause des poutres qui stoppent brutalement cette dynamique. A cause aussi de l'effet bombé des fuyantes.

La confusion, ou la difficulté à interpréter ne me gêne pas, l'auteur peut toujours expliquer, et si possible convaincre.
Je ne suis pas convaincue par le discours, qui passe de " on " à " je " dans un flou artistique ( ce qui ne me pose aucun problème pour apprécier autre chose que l'explication ).
Je m'arrête sur les détails : la toile d'araignée, le boîtier sous le radiateur, le " motif " sur le mur, le creux dans le coussin du fond….
Le traitement de la fenêtre de gauche et son embrasure me paraît moins soigné que le reste.

[artsmette]

Il y a à la base une distorsion d'objectif renforcée par une prise de vue en panoramique vertical. Il eut été aisément possible de la corriger en post-traitement afin de rétablir la verticalité. Je m'y suis essayé, et y ai renoncé. Outre que l'effet plus réaliste ne correspondait plus à l'intention première, je perdais dans les lignes fuyantes vers le haut et en "surréalisme" de la photo. Je tenais à  rester éloigné de la photo réaliste. Les poutres du plafond ne m'avaient jusqu'à présent pas posé de problème. Elles donnent l'idée de la hauteur plafond sans plus.

[jemagphotos]

Modèle et chaises surpeuplent ton image. L'un ou les autres est en trop. Ton modèle seul au coin suffirait avec ce décor surréaliste.

[artsmette]

Modèle et chaises surpeuplent ton image. L'un ou les autres est en trop. Ton modèle seul au coin suffirait avec ce décor surréaliste.

Là je suis en total désaccord avec ce point de vue : l'image est bâtie sur cet amoncellement de chaises et la présence (disparition) du modèle. Dans une pièce d'une tour délabrée, des chaises ont été abandonnées, reste le souvenir d'une vie. Sans cet assemblage, la photo n'aurait strictement aucun intérêt. Ce serait une autre photo dans un autre esprit.

[jojo53]

Le "monde flottant".../... traite ici de la disparition de personnes qui nous furent chères ou que nous avons croisées. Pour qui a connu une "disparition", il ait des moments où l'on s'effraie des défaillances de notre mémoire. De la même manière on s'étonne de se souvenir de détails auxquels nous n'avions jamais fait attention. Les rectangles rendaient compte de ce dernier phénomène. Pourquoi eux, pourquoi à ces emplacements ? Il n'y a pas de réponse, je les ai placés un peu au hasard comme ils me seraient venus à l'esprit sans que je puisse expliquer ces souvenirs.

Avec les explications je comprends mieux maintenant : Les différents plans qui se chevauchent, se rejoignent, s'éloignent, se distordent, le bras qui retient, les cousins qui gardent la trace et les bandes de scotch qui tentent de fixer nos souvenirs. Le temps transforme la réalité, on oublie un peu, on ne sait plus exactement, les impressions prennent petit à petit le pas et se mêlent à des faits précis qui restent clairs sans savoir pourquoi. Soubresauts d'images dont on ne se souvient que par morceaux.
Enfin, j'interprète cela de cette manière.
L'image est complexe, comme notre mémoire à tiroirs.
J'aime bien, techniquement aussi.

[artsmette]

merci.

[CharlesG]

Qui "accroche", qui n'" accroche" pas, cela restera toujours un mystère, fort heureusement. Dans des formations, j'explique qu'une création à été réalisée par une personne à un instant I, en un temps T, dans un contexte C , elle est regardée par d'autres personnes soit à la même période ou longtemps après, des personnes qui ont leurs références. Qu'elles n'aiment ou qu'elles n'aiment pas, cette création aura sa vie. Elle peut très bien être "brûlée" en une autre période qui a ses propres références. Le principal est de ne jamais se poser la question "vais-je plaire ?"

Soit: ne pas se poser la question "vais-je plaire?".
Si la finalité est de passer un message, d'alerter, de faire naître une émotion, de mener à la réflexion, de faire rire ou pleurer, je comprends que l'on montre une création.
Mais il y a là un paradoxe: pourquoi montrer une création et la signer, si ce n'est pour être reconnu, consciemment ou pas? Pourquoi la signer si ce n'est pour que la valeur, la qualité n'en soit associée à son auteur?
Bansky montre ses créations depuis de nombreuses années sous un pseudonyme et protège son anonymat: pour lui l'œuvre et le message priment. Son pseudo et son contexte étant maintenant bien connus ainsi que la valeur marchande de ses créations, il a fait l'expérience de vendre des œuvres sur un petit stand dans une rue de New-York à des prix dérisoires, résultat bien peu de ventes dans ce contexte et une très grande majorité de passants n'aura même pas tourné les yeux.

[artsmette]

Il y a beaucoup de choses dites et de questions posées dans ce dernier commentaire. Sans vouloir tout aborder, je vais essayer d'y répondre.
J'ai comme tout à chacun ici une personnalité qui a essayé de s'exprimer par la peinture durant plusieurs années, souhaitant créer des "portes de désir" (créations volumétriques dans des boîtiers plexi), il m'a fallu apprendre, il y a 8 ans, la photographie, je n'avais jusque là jamais tenu entre les mains un appareil photo. Cet outil m'a intéressé puis et devenu un nouveau "pinceau". Je ne considère pas dans mon travail (et même si j'ai le plus grand respect pour des photographes de beaucoup d'autres styles) la photo comme la représentation du réel.
Je suis comme tout à chacun ici, un être complexe et incohérent. Nous aimerions tous, et parfois le pensons, être cohérents en toutes choses. Heureusement, il n'en est rien sinon à créer l'ennui.
Toutes mes photos sont signées sur Internet. A la vente, elles ne le sont pas (signature au dos et attestation fournie). Il m'arrive de faire des "analyses" sur mon site ( http://www.artsmette.fr/2015/04/analyses-photos.html ), combien de fois ai-je vu circuler, par exemple sur Facebook, des créations de Frank Kunert (par ex) sans que soit mentionné son nom, à chaque fois j'ai rappelé le nom de l'auteur, on me remercia d'apporter l'info, puis l'image était "partagée" sans mention de l'auteur, des commentaires félicitaient celui qui rediffusait rendant hommage à son imagination sans que celui-ci ait l'honnêteté de préciser qu'il n'en était pas l'auteur ! Je signe donc mes photos.

[CharlesG]

Note bien qu'il n'y avait aucune intention critique dans mes propos, c'est juste une remarque qui m'est venue en parcourant ton fil de discussion. Je suis bien de ton avis: nous sommes complexes et incohérents, ce qui est loin de me déplaire.