Bonjour, effectivement j'ai possédé les deux (enfin les trois si on intègre le 300 2.8 VR).
Je ne suis pas certain d'apporter plus d'éléments que ce qui a déjà été dit sur ce fil, car les commentaires me paraissent très pertinents et fidèles à mon expérience terrain. (avec une mention pour sanglier et son émerillon, le plus petit faucon d'Europe
)
En effet, je pense qu'il serait dommage de sélectionner l'une ou l'autre de ces optiques pour des écarts de performances quasi-imperceptibles. Quelque soit la focale choisie, toutes offrent des prestations de très haut niveau. Il vaut mieux prendre en compte d'autres critères et comprendre l'approche qui mène à ces choix pour l'adapter à ses besoins.
Le 300 f/2.8G VR est l'optique la plus piquée que j'ai eu la chance d'utiliser pendant quelques années en APS-C (D300s) et FF (D800 et D4). Je n'ai pas possédé de 400 f/2.8, réputé pour être un poil supérieur. La polyvalence du 300mm est incontestable, il supporte le TC1.4 sans problème avec un impact très faible voire indécelable sur la vélocité de l'AF.
Avec le doubleur (TC20), la focale devient évidemment plus confortable, mais l'autofocus perd en réactivité et pompe dès que la lumière commence à faiblir. C'est le point le plus critique de l'utilisation du doubleur, constaté avec n'importe quelle optique habituellement véloce à f/2.8 qui conduit à réserver cette configuration pour les lieux bien éclairés et/ou des sujets peu mobiles (autrement dit, éviter les temps couverts, le sous-bois et les lumières fugaces de début et de fin de journée).
Les résultats étaient aussi plus aléatoires avec ce combo, notamment en fonction de l'exposition et de l'incidence. A noter qu'à cette époque, ma pratique consistait à 100% de billebaude principalement à main levée et un peu de monopode.
Gravelot à collier interrompu (fem.) by
Mickaël Dia, sur Flickr
Le 300 2.8 me semblait presque idéal pour ma pratique, mais il me fallait laisser le TC 1.4 en quasi-permanence pour l’utiliser sur APS-C (une conclusion à laquelle je suis arrivé après plusieurs essais acharnés sans TC). Sur FF, même avec une bonne approche il me fallait cropper systématiquement, ce qui était jouable sur D800 mais ne l’était pas sur D4.
Acheter une optique de cette trempe pour l’utiliser sur APS-C avec un téléconvertisseur me posait problème, surtout quand on sait de quoi elle est capable "nue" sur plein format. A partir de ce moment-là, j’ai commencé à cadrer plus large et à soigner davantage mes compositions.
Mon objectif était de supprimer totalement le TC, et c'est pourquoi j’ai acquis quelques années plus tard le 500mm f/4G VR, un peu plus lourd mais surtout moins maniable que le 300 car significativement plus long (longueur 500mm sans PS = 300mm 2.8 avec PS). Cependant le 500 f/4 était bien plus adapté sur FF et se rapprochait des 600mm que je considère comme "ma" focale minimum idéale pour la billebaude. J’ai essayé le TC 1.4 - plus par curiosité qu’autre chose - mais mon exemplaire ne le supportant pas très bien (malgré des résultats excellents sans TC et à PO), je l’ai rangé définitivement au placard. Le surpoids du 500 m’a conduit à faire de plus en plus d’affût, tout en continuant la billebaude. J’ai énormément apprécié ses capacités en bokeh parfois sous-estimées, à tort. Il n’ouvre pas a 2.8 certes, mais utilisé à moins de 10m le rendu global est supérieur au 300mm avec un très bon piqué dès la pleine ouverture quelles que soient les conditions lumineuses, et la stabilisation m’a permis de réussir des shoots au crépuscule, jusqu’à 1/10s sur trépied (on peut sans doute mieux faire avec un meilleur trépied et plus de maitrise).
Green effect by
Mickaël Dia, sur Flickr
1/10 of a second by
Mickaël Dia, sur Flickr
Je suis passé au 600mm parce que... j'ai pu saisir une bonne opportunité, et non parce que le 500mm ne me convenait plus.
J'avoue que le 400 f/2.8 me faisait de l'oeil cependant sa focale me semblait insuffisante en FF, or acheter un 2.8 pour lui coller un TC, c'était revenir en arrière. Soyons clair : le 400mm est probablement le télé Nikon le plus piqué du moment avec le meilleur rendu en dessous de 5m (car le 600 "G" ne descend pas en dessous), mais pour cela il faut l'utiliser majoritairement sans TC. Il conserve pour lui une distance de map plus courte (et un rapport de grandissement légèrement supérieur), mais les images avec "l'oeil net et le bec flou" ne m'intéressent plus. Le 600 est excellent à PO aussi bien sur D500 que sur D850, avec un rendu qui n'a rien à envier au 400 f/2.8 et une réactivité semblable. En comparaison du 500mm, les flous sont un peu plus crémeux, plus fluides et progressifs, mais cela peut sembler insignifiant pour les non-initiés tant le 500 est déjà convaincant. Au niveau piqué, je n'ai pas observé de différence... c'est peut-être un peu meilleur avec le 600mm, sans certitude, même s'ils me semblent tous deux légèrement moins "sharp" que le 300mm. Cela relève davantage du ressenti qu'autre chose, chacune de ces optiques étant capable d'offrir une définition suffisante pour compter les barbes qui composent les plumes d'un passereau.
Les 100mm offrent évidemment un bonus bienvenu. Par contre, si le 500mm était déjà pesant le 600mm est un monstre et pèse le poids d'un âne mort. Je l'utilise essentiellement en affût, un peu à main levée et j'avoue que c'est assez physique. Le monopode offre un bon compromis pour le manipuler.
L. Svecica - 3 by
Mickaël Dia, sur Flickr
Instants volés by
Mickaël Dia, sur Flickr
Pour conclure, je dirais que toutes sont des optiques d'exception, capable de satisfaire les plus hautes exigences, mais je ne les réserverai pas au même usage. Pour les oiseaux, je ne viserai plus en dessous de 500mm en plein format. Pour le sport, les mammifères en sous-bois, le 400 f/2.8 constitue un excellent choix. Pour la main levée, le 500mm est le plus intéressant de tous. Le 300 f/2.8, je le réserverai à l'aps-c (en photo animalière) et en FF pour le reste (génial en portrait, notamment), et enfin le 600mm, surtout pour les oiseaux et les animaux farouches.