Une photographie est protégée par le droit d'auteur si le photographe - qui prouve en être l'auteur, prouve également (ou avance des arguments solides pour prouver) que l'image est "originale", c'est à dire est une "création intellectuelle propre à son auteur"(1). Cette définition européenne est proche de la définition française antérieure qui caractérisait l'originalité par "l’empreinte ou le reflet de la personnalité de l'auteur".
Pour prendre un exemple (trop) simple, lorsqu'on voit une peinture de Picasso dans sa période cubiste, on n'hésite pas sur le nom de l'auteur, et donc sur le caractère "original" de l’œuvre.
En revanche, une image banale ne sera pas protégée par le droit d'auteur. Ce dernier ne pourra donc en revendiquer ni la paternité intellectuelle, (indication de son nom d'auteur), ni un droit patrimonial, l'autorisant à réclamer une rémunération pour l'utilisation de l’œuvre. Par exemple, une image de la Tour Eiffel ou du Taj Mahal, ou du Golden Gate Bridge, ou de la lune, faite quasi à l'identique par des millions de touristes, a peu de chances de se voir reconnaître un caractère d'originalité. Autrement dit, une photographie n'est protégée que si elle est une "oeuvre de l'esprit". Il ne suffit pas de faire clic-clac dans tous les sens pour revendiquer un droit d'auteur et s'assurer une rémunération
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En pratique, maintenant, on peut classer les entreprises, mais aussi toutes les autres collectivités, mairies, associations, etc., dans deux blocs distincts : celles dont le service de Communication interne a une connaissance juridique minimale, et celles dont le service est constitué de techniciens de l'image, focalisés sur la production technique, et totalement étrangers aux "embrouilles" juridiques.
Dans le 1er cas, on peut s'attendre à ce que le service se soucie de la provenance des images utilisées, une banque d'image, une commande auprès d'un professionnel ou des images d'amateur, et qu'il s'assure que la question des droits d'auteur a été correctement traitée en amont.
Dans le 2ème cas, on leur "file" des images, ils les utilisent (éventuellement ils les modifient ou ils les recadrent, circonstances aggravantes), et pour le reste, c'est pas leur problème... C'est précisément dans ces circonstances que certains, collectivités publiques ou privées, ont été condamnés, et lourdement.
Je suis à peu près certain que, si l'entreprise avait juste indiqué le crédit photo en petits caractères dans un coin de leur A4, tu aurais été satisfait, la valeur de ta participation ayant été reconnue.
Du point de vue du salarié, je ne développe pas beaucoup, c'est inutile : potentiellement, tu peux en effet demander une rémunération, et des dommages-intérêts -- si toutefois le caractère original de tes images était finalement reconnu.
Ou bien l'entreprise a pu cyniquement parier qu'aucun salarié, acteurs ou photographe, ne ferait d'histoires...
Moi, je parie plutôt sur l'ignorance et/ou la désinvolture que sur le cynisme. La question aurait pu être si facilement réglée sans efforts, juste quelques échanges d'e-mails d'autorisation et une petite liste de noms, au plus grand plaisir de ceux cités.
Peut-être qu'un petit entretien avec la Direction du Personnel, sur un mode très amical et non-revendicatif, pourrait te permettre, ainsi qu'aux acteurs/metteur en scène/régisseur/ingénieurs son et lumière, etc., de figurer sur un erratum lors de la prochaine distribution des feuilles de paie.
C'est d'abord de l'intérêt de l'entreprise de revoir son process et de ne pas renouveler cette bévue, qui pourrait lui coûter fort cher à l'avenir. Pour rappel, les infractions au droit d'auteur sont également punies pénalement, et un dirigeant d'entreprise n'apprécie pas de se retrouver avec un casier judiciaire, même pour une peine d'amende.
(1) Article 6 de la Directive CE 93/98 du 29 octobre 1993, publiée au JOCE n° L. 290 du 24 novembre 1993