C'était pour sourire, en se référant à des vieux (mais beaux) textes sur la photographie, entre autres Roland Barthes.
En France, le point de départ serait Cartier Bresson qui parlait de l'instant magique. Celui ou le déclenchement captait l'essentiel, l'être ou l'âme du sujet.
On parlait aussi du cadre et de la composition que l'on construisaient dans sa tête, à la manière des peintres ou des sculpteurs et qu'il fallait obtenir du premier coup pour garder le "naturel".
L'acte photographique rejoignait aussi une autre interrogation des plasticiens : capter le réel, par exemple Léonard de Vinci et les cadavres, est-ce une création ? Peut-on créer quelque chose en reproduisant ce qui existe déjà ? Comment créer sans trahir ?
Et ainsi de suite…
Bien sûr, avec les innombrables automatismes, ces interrogations peuvent faire sourire.
En plus, on a appris que les photos d'Eugène Smith étaient "arrangées" et celles de Doisneau étaient "rejouées" (pour parler des plus célèbres).
D'où ma dérision sur l'acte photographique et le fait que j'esquissais un éventuel débat "philosophique" sur les viseurs.
Avec l'optique, le photographe est face à la réalité "objective", il doit composer, c'est son acte personnel, quitte à rater son coup.
Avec un viseur électronique (indépendamment de tout le reste du débat), cette question de déplace-t-elle (oui mais vers quoi ? on ne parle que de résultats techniques pour ne pas rater son cliché) ou est-elle néantifiée (en annonçant un déclin de la photo comme création) ? Si le viseur électronique fait tout (ou presque), que reste-il de cet acte ? Avec lui, le photographe crée son cliché sur un artefact de la réalité. Dès lors, sa création (au sens de sa marge de manœuvre) en est-elle limitée ? Un photographe, c'est un œil. Si l'œil ne capte plus le réel mais une représentation cybernétisée de celui ci, que devient la création ?
Certains photographies (sur les sites américains) en sont conscients et inquiets, mais ils sont très minoritaires.
Enfin, pour élargir, les peintres et surtout les musiciens se sont trouvés confrontés à ces interrogations avec l'introduction de l'électronique. Ils ont repoussé les limites. Avant de revenir à des formes d'expression plus classique.
Dernière précision : pour moi, les deux questions sont liées. Si je peux envisager avec joie de modifier mon "acte photographique" avec l'électronique du viseur, je veux que celui ci soit au moins comme le réel offert par l'optique et meilleur par ses qualités intrinsèques d'interaction en temps réel sur l'image. A mon avis, on est loin. Et ce n'est pas une question de "refus" des évolutions techniques ou de passéisme, bien au contraire.
Il y a 25 ans, Pierre Boulez avait fait équiper l'IRCAM de Macintosh dernier cri pour piloter les gros ordinateurs mis au service des musiciens. Il prétendait que pour créer au 20 ème siècle, il fallait des outils plus que parfaits, sinon, ce n'était que du gadget. Et on ne parlait pas de "faciliter" la vie des compositeurs mais de leur donner des moyens de créer autrement et autre chose, explorer des combinaisons de sons vraiment nouvelles.
Je pense que c'est un débat fondé, surtout si on pense à l'avenir des grands fabricants comme Nikon Canon ou quelques autres.
A savoir s'il intéresse du monde, c'est une autre histoire !