Hier,
en nous quittant, Jean-Philippe osait nous dire "vous partez voir la finale mais vous verrez que plus tard, vous vous souviendrez mieux de cette après-midi". Un carton rouge de Zidane plus tard, la prophétie commence à faire de son effet car j'aime mieux garder ce qui me construit que me détruit et il faut dire que Jean-Philippe avait très bien préparé notre accueil. La sortie était parfaitement équilibrée avec d'abord une partie théorique de deux heures et demie, extrêmement bien maîtrisée qui convenait, tant au néophyte absolu que j'étais, qu' à ceux plus avancés qui avaient des questions à poser.
Jean-Philippe a l'assurance tranquille du gars qui n'a plus rien à prouver tant il est dans son sujet, évoluant sans note mais n'hésitant pas à montrer de vieux bouquins encore indispensables ou des posemètres de différentes générations. Cela m'a fait penser à une sorte de Socrate venant vers nous pour nous libérer de nos idées préconçues sur la photo (pour moi ce serait plutôt "il suffit d'appuyer, on verra bien après...') ou encore à un Zidane en 2015, entraîneur des benjamins de l'équipe d'Italie...
On était bien lotis dans un bureau de l'Observatoire, rien que pour nous, ce qui permettait à Jean-Philippe d'utiliser un tableau, d'appuyer son raisonnement sur des courbes , de révéler les beautés de la méthode d'Ansel Adams.
On a ensuite fait le tour d'un plan d'eau duquel on avait des vues incongrues sur les Invalides, la Tour Eiffel et les oiseaux qui se méfiaient terriblement de notre espèce se déplaçant le bec en bandoulière.
Alors c'est vrai, quand plus tard, près d'un verre de cidre vide et d'une bouteille de champagne que j'ai laissée dans un frigo, j'ai vu Barthez ne pas arrêter le dernier penalty, j'ai d'abord pensé "j'ai toujours dit qu'il fallait prendre Coupet comme gardien" alors que depuis deux semaines je me disais que je n'aurais jamais dû envisager de contredire l'entraîneur et ensuite je me suis souvenu de la phrase de Jean-Philippe sur ce qui me restera de cette journée. Au lieu de rentrer chez moi abattu, j'ai recherché les supporters consternés pour une petite mitraille photographique. Quand j'en ai vraiment rencontré, je n'ai pas osé sortir l'appareil mais j'étais plus dans des pensées de lumière que d'étoile perdue.
Merci Jean-Philippe