Bonjour,
je viens vous faire part de mon retour d'expérience, ayant eu la chance de voir par deux fois des aurores boréales lors du voyage dont j'ai parlé précédemment.
Cela a été pour nous une expérience extraordinaire. Les aurores boréales telles qu'on les voit sont beaucoup moins vertes qu'elles n'apparaissent sur les photos. Elles sont plutôt blanchâtres, avec une nuance verte. Mais cela n'enlève rien au caractère grandiose du phénomène, du moins pour nous qui n'y sommes pas habitués.
Un préambule est que je n'avais ni guide ni accompagnateur pour les photos, ce qui peut expliquer le caractère éventuellement naïf de certaines de mes remarques, et le côté "je découvre tout par moi-même".
Finalement j'ai utilisé exclusivement mon 18-35, pour des focales réellement utilisées allant de 18 à 32mm.
La plus grosse surprise pour moi a été le mouvement : je le savais, mais je n'imaginais pas que cela bougeait autant, ni aussi vite. Il est difficile de quantifier cette vitesse de "déplacement", mais en quelques secondes le mouvement est très sensible. La première "séance" a été assez statique, mais la deuxième fois, où j'étais pourtant mieux préparé, ça partait littéralement dans tous les sens, d'un bout à l'autre de la voûte céleste. Du coup les cadrages que j'avais imaginés et préparés ont été partiellement inopérants, et j'ai dû improviser. Compte tenu des conditions globalement difficiles de prise de vue, cela complique sérieusement la tâche : pdv sur pied sur plusieurs secondes, réglages de nuit, compo à faire en temps réel, le tout par -10° ou -15°... Cela explique aussi pourquoi je n'ai pas changé d'objectif en cours de séance.
MAP : manuelle, sur une étoile ou plus facile sur un arbre à l'horizon. Pas de difficulté majeure, hormis le problème des changements de position.
BdB : automatique, sans problème.
Au niveau de l'exposition : j'ai fait la plupart de mes photos à 1600 ISO, f/3.5 à f/4.0, 6s à 8s. Ce temps de pose est trop long, en PT (CNX2) j'ai dû tout diminuer d'un IL en moyenne. Donc 3 à 4s suffisent. Compte tenu du mouvement, je pense que certaines photos auraient été moins confuses avec un temps de pose réduit à 3s. A l'inverse, si le mouvement est plus ou moins uniforme (continu dans la même direction), la pose longue permet d'en capter plus, et permet de descendre en ISO. Difficile d'avoir un point de vue définitif.
Problèmes techniques divers : pas de problème de batterie dû au froid, mais par contre après une longue séquence de pdv, mon appareil m'a dit un truc du style "Impossible d'enregistrer, la carte mémoire est peut-être défectueuse." Elle n'était pas pleine, je l'ai sortie puis remise, rien à faire. L'horreur
. Je l'ai changée, j'ai pu continuer et quand je l'ai réinsérée plus tard au chaud, il n'y avait plus de problème.
L'influence de l'environnement et du lieu de prise de vue : point capital que j'ai encore sous-estimé, alors que je l'avais pourtant bien préparé (pour la deuxième séance). D'abord il faut un lieu avec très peu de pollution lumineuse (oubliez la ville). De plus, comme l'aurore peut apparaître dans n'importe quelle direction, il faut un environnement très "propre" dans toutes les directions : pas d'objet disgracieux (véhicules, bâtiments, tas de neige, panneaux, etc.), pas de lumière parasite (comme l'écran arrière de l'APN d'un autre photographe, par exemple...), etc. Donc de préférence en pleine nature, avec un horizon dégagé dans beaucoup de directions, mais aussi un cadre permettant des premiers plans si on le souhaite : un repérage très sérieux s'impose, d'abord de jour puis de nuit pour vérifier.
Evidemment, pour limiter les contraintes, on peut toujours se dire "je ne photographierai que celles qui apparaissent là où j'ai préparé ma compo", mais ensuite il faut être capable de s'y tenir. Ce n'est pas mon cas.
Autre point à ne pas négliger : la neige. En général dans les pays du Nord en hiver, il y a de la neige.
De nuit, celle-ci réfléchit fortement la lumière ambiante. Ma deuxième séance s'est faite par pleine lune, ou presque, et au bord d'un lac gelé. Sur les premières expos mal réglées, on se croit en plein jour. Le filtre dégradé (partie sombre vers le bas) se serait avéré utile, mais j'avais déjà du mal à gérer mes conditions de pdv, je ne crois pas que j'aurais été capable de m'en sortir avec le filtre en plus.
En fin de compte, je pense que d'un pur point de vue photographique, l'automne ou le début de l'hiver (novembre-décembre) sont plus propices : les lacs et rivières ne sont pas encore gelés, on peut donc profiter des reflets. Et il fait probablement moins froid, ce qui facilite la pdv. Par contre il y a peut-être moins de ciels clairs.
Quelques autres remarques générales, pour ceux qui voudraient tenter la même expérience : j'ai passé beaucoup de temps sur Internet, à regarder les prévisions météo pour avoir un ciel dégagé, et les prévisions d'aurores. Les prévisions à 2 jours (
http://www.aurora-service.eu/aurora-forecast/) ou moins étaient relativement fiables, celles à quelques heures tout à fait fiables, pour ce que j'ai pu vérifier :
http://legacy-www.swpc.noaa.gov/ovation/North_New.html